Peut-être avez-vous vu, quand vous étiez enfant, un tombereau déverser son raisin dans le pressoir d’une ferme. Peut-être avez-vous participé à des vendanges lorsque vous étiez étudiant. Autrefois, c’était tout le village qui aidait à cueillir les raisins mûrs, à travers des tâches bien distinctes.
Quand le raisin est mûr, il faut le cueillir vite. Tout le monde s’y met : le propriétaire, la maîtresse de maison, les grands-parents, les enfants. Si l’école a repris, tant pis pour les cours : les enfants sont réquisitionnés et les cahiers de présence des instituteurs attestent qu’il n’y a parfois qu’un ou deux écoliers présents lors des semaines de vendanges. Une absence particulièrement totale dans les années de guerre, lorsque tant de pères sont absents mais que les grappes sont toujours là, à couper, chaque automne.
Si la vigne est plus étendue, on fait appel aux amis, aux voisins, aux cousins, auxquels on rend la pareille le moment venu.
Enfin, si le vignoble est vraiment très grand, l’appel à la main d’œuvre saisonnière est nécessaire. Les vendangeurs mercenaires (hommes, femmes, enfants) viennent parfois de fort loin, en charrette, se louer sur les places des villages. Ce sont longtemps les mêmes familles, générations après générations, qui viennent travailler dans les mêmes vignes et qu’on finit par accueillir comme des parents. On les héberge comme on peut, dans les granges, les fenils, les cabanes des vignes… Le raisin n’attend pas, le confort passe après. Sur place, dans les vignes, le travail se répartit entre coupeurs, hotteurs et pressureurs.
Les coupeurs font tomber les grappes dans un panier à l’aide d’une serpette puis d’un sécateur (cet outil apparaît vers 1840 mais ne se généralise que lentement). Ce travail est réservé aux plus âgés, aux femmes et aux enfants, car il ne demande guère de forces. Il reste pourtant fatigant car il est mené accroupi, dos courbé, rangée après rangée. On passe penché, d’un cep à l’autre, genoux pliés… et se déplier le soir, après une journée entière dans la même position, est bien difficile pour le corps engourdi. Tout l’honneur du coupeur consiste à avancer vite dans sa ligne, mais sans laisser de raisins sur les ceps. Dans de nombreuses régions, la vendangeuse qui est trop lente ou qui oublie trop de grappes sous les feuilles a le visage badigeonné de jus de raisin par les garçons ! Enfin, quand le panier est plein, on appelle le hotteur et on verse le contenu dans sa hotte.
Le portage des hottes, seilles, bennes… (le nom varie selon les régions) reste un travail d’homme car, une fois pleine, la hotte peut peser bien plus de cinquante kilos. Dans les pays en pente, on utilise aussi des mulets, bâchés avec deux hottes. En bout du carré de vigne vendangé, une charrette attend, dans laquelle le hotteur déverse le contenu de sa hotte. Une ou plusieurs fois par jour selon la taille du vignoble, la charrette va jusqu’au pressoir déverser le raisin par une fenêtre sur le sol nettoyé. Une autre charrette contient de grandes cuves qui prendront, une fois pleines, la direction du cellier pour que le vin rouge y fermente.
Il y a bien longtemps que le foulage du raisin au pied ou en sabot n’a plus cours. Le pressoir en bois, avec son pas de vis, a pris sa place avant d’être à son tour mécanisé. Sur ces anciens pressoirs, qui ont subsisté dans les petites fermes jusqu’aux années 1970, il faut jusqu’à cinq ou six hommes sur la barre. Dans certaines régions (Alpes, Marne…), quand les raisins deviennent durs à serrer, le chef du pressoir rythme l’effort par le chant.
En général, on commence tôt, vers six ou sept heures du matin, après une collation et un verre de vin. Des collations, il y en a d’autres, tout au long de la journée. Parfois jusqu’à quatre mais qui restent frugales. Du pain, de l’ail et des oignons seulement autrefois dans certains vignobles. Un peu de fromage ou de jambon en plus dans d’autres. Du saucisson ou des rillettes aussi au XXème siècle. C’est le repas du soir, pris après la journée de vendange, qui offre à tous une soupe et un plat copieux, variable selon les régions. Pas de véritable fête le soir : on est fatigué, on a mal au dos, et on sait qu’on doit remettre ça le lendemain, même si ça n’empêche ni la bonne humeur ni les commentaires – par exemple sur la qualité supposée du vin en fonction de l’ensoleillement et des pluies de l’année ! Enfin, jusque vers 1930, le dîner du dernier jour des vendanges est souvent suivi d’un bal jusqu’à minuit. On s’embrasse et c’est fini ! Rendez-vous l’année suivante pour les prochaines vendanges !
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Une journée de vendangeur.