Les grandes divisions se créèrent alors en France et la Touraine passa alternativement du royaume d'Austrasie au royaume de Neustrie. Pendant cette période troublé où l'autorité royale est indécise, où les princes affaiblis n'obéissent qu'aux passions violentes, une seule main s'étend sur le pays et, en particulier, sur Vouvray : celle des évêques et des abbayes, pour le protéger et le conserver à lui-même. Cette main fut presque toujours pesante et dominatrice, et si parfois elle fut crispée par l'avide désir des richesse, elle fut cependant le salut pour la région.
Dès les premiers temps de la féodalité, nous voyons à Vouvray le régime s'organiser, les fiefs se former : au VIIIème siècle le territoire, représentant environ la commune actuelle, appartenait à la collégiale de Saint-Martin. Il était lui-même divisé en trois fiefs : la "Cour de Vouvray", le"Bouchet", les"Dîmes de Vouvray".
Le rôle des grandes abbayes de Touraine eut une importance primordiale et prépondérante sur le pays de Vouvray. La collégiale de Saint-Martin de Tours, si universellement connue par le nom de son patron; le chapitre de Saint-Gatien; la cathédrale métropole; le monastère de Marmoutier, tout voisin que l'histoire dénomma "majus monasterium"; étendre tour à tour sur Vouvray un bras puissant au cours somnolent des siècles du moyen âge, et le faire passer d'une domination à l'autre, ballotté par l'envieuse rivalité des abbés et des chapitres, donner le meilleur du travail de sa population pour grossir des revenus qui atteignaient des somme considérables.
La fortune de ces institutions fut variable, Marmoutier, riche dès le début, fut cependant saccagé par les Normands en 853; il survécut pourtant et, aprés bien des alternatives, retrouva toujours sa puissante richesse, jusqu'à posséder 80.000 livres de revenus alors que Saint-Martin de Tours, plus opulent encore, recevait annuellement plus de 150.000 livres de bénéfices (1).
La culture se développait en même temps et le pays produisait du blé, du chanvre, du lin, des noix, des fruits, des légumes et du vin en quantité. Les pâturages nourrissaient beaucoup de bestiaux, les forêts donnaient le gland pour de nombreux troupeaux de porcs, les abeiles s'installaient dans les troncs des arbres et donnaient le miel et la cire en assez grande abondance pour constituer aux Tourangeaux une réputation et un revenu considérable.
Association de marchands et de nautoniers, qui faisaient les transports des marchadises, depuis les temps les plus anciens jusqu'au XIIIème siècle,vinrent unir leurs efforts et leurs intérêts, et fondèrent, au cours du XIVème siècle, "la communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle (2)". Premiers actes de cette compagnie en 1344, le lieu dit "Portus Rupium (3)", ancien port gallo-romain situé à proximité de Rochecorbon et de Vouvray, est le port d'attache qui servait à la réception et à l'expédition des marchandises des deux localités. Ainsi d'un port sur le bord de la Loire , à l'extrémité de ce qui est aujourd'hui la commune de Vouvray et face de Montlouis: "la Frillière", qui ne semblait pas exister avant le XVIè siècle, et qui pourtant était un fief relevant de la châtellerie et de la prévôté de Vouvray. La Frillière fut, dans la suite, une station avec relai de poste sur la route de Tours à Orléans et Paris.
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(1) Tableau de la province de Touraine (Bibliothèque de Tours, manuscrit 121).
(2) Mantellier, Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t.I, p.27.
(3) Charte de Marmoutier (Cartulaire de l'archevêché de Tours).